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Une expérience

Texte de Claudine Girardin, praticienne et enseignante à CH-Bassecourt.     J’ai suivi un premier atelier avec Gaston Saint-Pierre....

Une expérience

Texte de Claudine Girardin, praticienne et enseignante à CH-Bassecourt.

 

 

J’ai suivi un premier atelier avec Gaston Saint-Pierre.

Je n’ai pas compris beaucoup de choses mais j’ai bien entendu qu’il ne fallait pas dire  »je » mais  »il y a ». Et pendant une année, comme une bonne élève, j’ai mis en pratique en disant  » il y a ». Je sentais que c’était important et peut-être que, sans le savoir, je goûtais au fait de ne plus m’identifier à la déprime ou autre émotion. Je n’ai rien fait d’autre, je n’ai pas pratiqué.

L’année suivante, Gaston Saint-Pierre était de retour et moi aussi. Et cela a duré une dizaine d’années, jusqu’à ce qu’il nous quitte. Et à chaque fois, j’entendais autre chose et je me demandais : « Pourquoi ne l’a-t-il pas mieux dit les autres fois ? » Maintenant, je sais qu’il l’avait dit mais que mon niveau de compréhension changeait et que j’allais plus loin. Naturellement, je me suis donc mise aussi à proposer des séances.

Son départ n’a pas changé ma motivation. J’avais besoin d’entendre et de lire des textes qui parlaient de la Technique de la Métamorphose. J’ai donc imprimé tout ce qu’il avait écrit en français et j’ai continué de suivre des ateliers. Et le même phénomène se reproduit toujours. A chaque fois, il y a une partie de l’atelier qui me semble une totale nouveauté.

Lire et relire les textes de Gaston Saint-Pierre ou d’autres personnes qui parle de Technique de la Métamorphose est pour moi un besoin. Je sens que cela a un effet bienfaisant, comme quand on arrose une plante qui a soif. Parfois les textes sont simples, parfois je n’en comprends qu’une partie, mais peu importe, quelque chose en moi est touché profondément.

Pratiquer la Technique de la Métamorphose c’est recevoir des séances, c’est donner des séances, faire des échanges, c’est essayer de  »noter les faits, reconnaître leur présence et les laisser être  » le plus possible dans ma vie quotidienne, c’est en parler et surtout prendre un moment, si possible chaque jour, pour lire un article qui en parle…. Les textes de Gaston Saint-Pierre peuvent être extrêmement simples, parfois aussi très compliqués, et parfois très poétiques. Une nourriture tellement riche pour moi

 » Noter les faits, reconnaître leur présence et les laisser être  ». Combien de fois ai-je entendu ou lu ou prononcé ces mots. Et pourtant, il me semble que je viens de les découvrir. En relisant ce qu’en dit Gaston Saint-Pierre dans plusieurs articles, (parce que, comme un bon enseignant, il redit la même chose de façon différente et de nombreuses fois) tout-à-coup…. aahhhh oui, c’est comme ça un fait…..j’ai ressenti cette propre énergie du fait et que, si j’essaie d’en faire quelque chose, ce sera comme pour le papillon que j’aiderais à sortir de son cocon, cette énergie serait perdue parce que le papillon n’y survivra pas.

Si je publie ce texte, c’est parce que je constate que, après avoir participé à un atelier, on pense avoir compris. Mais ce n’était qu’une mise en bouche et si on ne se donne pas la possibilité de revenir encore et encore, la germination se fait plus difficilement. Un atelier (même si j’en suis au 15e ou plus) est à chaque fois au moins aussi riche que celui d’avant. Même si cela ne sert qu’à éclairer un mot ou une phrase, il y a quelque chose en moi qui jubile à chaque fois. »Ah oui…. c’est ça ! »

Alors, essayons de laisser les faits «être» à chaque occasion de la journée. Et relisons Gaston Saint-Pierre, et partageons entre praticiens, et employons le schéma conceptuel.

Claudine Girardin (juin 2014)
claudine.girardin@bluemail.ch

Cet article a été écrit le : 08 décembre 2022

Que « fait » la terre ?

La pratique de la métamorphose n’est pas une thérapie. Elle échappe donc à une classique description scientifique. Alors comment en parler ?...

Que « fait » la terre ?

La pratique de la métamorphose n’est pas une thérapie.
Elle échappe donc à une classique description scientifique.

Alors comment en parler ?

Derrière cette pratique, il y a l’intérêt pour la notion de transformation. Non dans le sens d’évolution mais dans le sens de révélation de quelque chose qui est déjà là. La rencontre avec l’essence.

Mon regard suit cette graine de pissenlit portée par le vent… Une graine légère, harmonieuse, parfaite…
Pourtant, elle peut devenir autre chose, une plante bien précise déjà inscrite au sein de ses cellules.  Pour que cela se produise deux conditions sont nécessaires : la graine doit être vivante et elle doit rencontrer un environnement adéquat, la terre. Dans cette rencontre, que « fait » la terre ? La terre est présente mais n’a aucun projet, aucune intention vis-à-vis de la graine.

Le praticien est la terre: en établissant un contact du bout des doigts avec certaines parties du corps, il sert d’environnement. Il n’a aucun projet, aucune attente. Il sait que la direction est déjà là, au sein des cellules de la personne et que la force de vie de cette personne, guidée par son intelligence innée est seule à même de mener à la transformation.

Le praticien est la terre, cette métaphore va permettre au mental de ne pas s’égarer, de rester simple, de revenir facilement vers l’essence de cette approche tout en restant conscient de la complexité infinie de la Vie.

Quel est le rôle d’une métaphore ? Montrer une porte, une entrée possible vers l’inconnu.
J’aimerais citer David Bohm :
« Cet usage caractéristique du mot « est » pour réunir des choses si différentes ou même incompatibles semble au premier abord engendrer un paradoxe … La première impression que procure la mise en équation poétique de deux termes très différents est une sorte de tension, de vibration intellectuelle, un état élevé d’énergie où se produit de façon non verbale une perception créatrice du sens de la métaphore. » (« La conscience et l’univers » p 36)

Parler de l’essence, c’est flirter avec la notion de sacré. Quels mots utiliser ?
Les mots créent, les mots séparent, ils ouvrent ou ils ferment, « ça » flue ou « ça » se fige.

Avec cette approche, nous explorons les frontières dualité-unité.
Les physiciens explorent eux aussi les frontières de notre représentation du monde. Ils rencontrent les mêmes problèmes de langage.
J’aime citer Niels Bohr : « Nous devons nous rendre compte que nous ne pouvons-nous servir ici que du langage à la manière des poètes. »
Ou l’astrophysicien Michel Cassé : « Ces mots -trou noir etc…- ne veulent rien dire. Ils procèdent de très vagues analogies. Mais il faut bien parler, écrire avec des mots, même si ces mots sont limités et inexacts. »

Donc, les mots sont nécessaires. Les analogies, les métaphores.

Les physiciens ont les mathématiques à leur disposition pour partager leurs ultimes intuitions. C’est à dire le monde des symboles, domaine du Principe de la Correspondance.

Et puisqu’il faut bien quelquefois non seulement pratiquer mais parler, nous, nous avons le langage des poètes, c’est à dire aussi le monde des symboles, domaine du Principe de la Correspondance.

Lorsque j’ai votre pied entre mes mains, je suis simplement la terre présente.

Cet article a été écrit le : 08 décembre 2022

Questionnement

Un questionnement multiple m’a été récemment proposé : Quel sens donné à la pratique ? L’enseignement de la philosophie de la métamor...

Questionnement

Un questionnement multiple m’a été récemment proposé : Quel sens donné à la pratique ? L’enseignement de la philosophie de la métamorphose, de son application au quotidien, n’est-ce pas un enseignement du lâcher prise ? Je pense qu’on peut aller seul vers cet état avec l’appui ou non de cette philosophie, d’où l’enseignement de l’autonomie en quelque sorte.


Je remercie vivement cette personne car, d’une part, répondre m’a demandé de trouver les mots qui traduisent le plus fidèlement ce que je ressens au plus profond de moi, de mes cellules et d’autre part, ces questions ont permis un riche échange au cours d’une rencontre de groupe par rapport à la première partie du questionnement.


Le sens de la pratique

Ce qui nous intéresse dans cette approche est la métamorphose, la transformation.
Rappelons-nous : la métamorphose est un mouvement de vie à l’intérieur d’un dynamisme précis. Ce mouvement est ordonné, naturel, inconscient, il ne demande aucun effort.
Immédiatement, nous sommes confrontés à la notion d’environnement. Si nous avons en tête l’image de la chenille, l’environnement nécessaire à sa métamorphose sera la chrysalide, pour le gland, ce sera la terre, pour nous, la métamorphose, concernant notre conscience, l’environnement nécessaire sera l’espace sans direction donnée. Une séance est donc un moment privilégié où un environnement adéquat est à disposition.

Quand je demande une séance, j’éprouve la nécessité d’être plongée dans cette qualité d’environnement ; quand je donne une séance, le détachement (noter les faits, les reconnaître, les laisser être) m’y fait plonger aussi.
Une séance est un moment privilégié où l’on s’offre l’opportunité de s’ouvrir à l’inconnu, au mystère. Donner une séance, c’est accomplir un rituel. Un rituel, tout comme un symbole, est un lien, un pont entre deux dimensions. Un rituel est un processus qui englobe des gestes et une focalisation du mental. Aussi, lorsque je donne une séance, je n’ai pas l’impression de devoir « faire quelque chose avec quelqu’un », c’est plutôt, une communion avec la Vie. Cette sensation s’accentue au fur et à mesure que ma compréhension du Principe de la Correspondance s’affine.

Bien sûr, cette opportunité, je me la donne chaque fois que je reste avec mes propres faits dans la vie quotidienne, mais j’éprouve le besoin, régulièrement, de recevoir des séances (je rappelle qu’on peut s’en donner soi-même) car plus j’avance dans le temps, plus je sens à quel point le corps est important. Comme si cette concentration de matière qu’il semble être, permettait de plonger au plus profond du mystère. Le toucher apporte une dimension, à mes yeux, essentielle : il nous connecte au ressenti, au cerveau droit, au féminin, au global ; sans le toucher, l’abstrait, la recherche mentale prendrait rapidement le dessus. Laisser son pied à quelqu’un ou recevoir le pied de quelqu’un, dans ce contexte, il y a une sensation particulière, comme si, dans cet espace sans direction imposée, la non-séparation devenait proche d’être perçue.
Effleurer dans le détachement (j’insiste toujours : selon la définition de Gaston Saint-Pierre), permet, à mon sens, d’être conscient de la spiritualisation de la matière et de la matérialisation de l’esprit, ce grand jeu entre manifesté et non-manifesté.

Le lâcher prise

A travers cette approche, nous contactons en effet ce qu’on appelle le « lâcher prise » mais ce n’est qu’une petite partie du phénomène, la partie qui concerne le mental, c’est le « laisser » de la définition du détachement. Au-delà il y a « être » qui permet au potentiel de se manifester. Nous sommes dans le non-agir qui n’est pas ne rien faire.

Aller seul vers cet état

Peut-on parler ici d’un état ? Le mot « état » implique quelque chose de statique. Or, dans cette notion de métamorphose, il y a le Souffle de la vie qui nous pousse vers la découverte de notre essence. Inviter le mental à rester à sa place est une façon d’être. La pratique du détachement : noter un fait, le reconnaître, le laisser être, devient un art de vivre. Il y a cet incroyable dynamisme au coeur des deux verbes laisser et être. Être qui nous relie dans la verticalité au monde des potentiels, de l’unité. Et c’est cette reliance qui s’installe très fortement au cours des années. Plus cette reliance est perçue, moins le mental est inquiet, plus il devient curieux.

Quelle est la place de l’autonomie dans cette approche ?

D’abord, c’est la seule autorité reconnue, l’autonomie de la personne. Aller, fluer avec ce mouvement qui nous pousse, à travers les métamorphoses successives, vers l’être complètement réalisé que nous sommes déjà en potentiel, est de notre seule responsabilité. Lorsque je demande une séance, est-ce que j’abandonne mon autonomie ? Non, mais quelque chose en moi cherche une qualité d’environnement où justement, cette autonomie, cette autorité intérieure pourra se déployer en toute liberté. Et « JE » peux me donner une séance ! Et n’oublions pas, lorsque je donne une séance, étant dans le détachement, je profite aussi de cet espace si spécial.
Ce « bain d’espace » peut peut-être se vivre dans d’autres circonstances : la marche, la méditation, la musique, la danse Tandava enseignée par Daniel Odier par exemple … Pourtant, il me semble que la dimension « toucher » a une valeur particulière. Dans ce contexte si spécifique où la personne qui donne la séance sait qu’elle est la terre, donc en dehors du chemin, peut s’installer une forme d’abandon. S’abandonner au mouvement de la vie. Le praticien s’abandonne au mouvement de la vie et par résonance, la personne qui reçoit la séance commencera de s’abandonner à ce mouvement (s’abandonner dans le sens : se livrer en toute confiance).
Je suis toujours émue d’être témoin, dans chaque atelier, dans chaque rencontre, de comment l’énergie du groupe se modifie dès que la pratique commence. Ce bain d’espace qui devient un lac, une mer, un océan …

Pour terminer

Est-ce raisonnable de terminer par une question ? Ou est-ce ce merveilleux humour de la Vie ? Questionnons donc un mot : pratique.
Il me semble qu’il y a deux sortes de pratiques : la pratique pour obtenir quelque chose et la pratique qui permet la présence. La première est liée au désir du mental de réaliser un but précis, la seconde, qui permet de s’abandonner au mouvement de la vie, qui permet l’ouverture vers l’inconnu. Ayant cela en tête et/ou en coeur, la forme que va prendre la pratique va dépendre de la sensibilité de chacun, chacune.


Pour ma part, la forme proposée par Gaston Saint-Pierre me comble.
La partager m’enseigne.


« La pratique est le meilleur des enseignants » Gaston Saint-Pierre
« Ne croyez pas ce que je vous dis, expérimentez-le. » Gaston Saint-Pierre.
« Vous êtes ce que vous cherchez, alors, soyez. » Gaston Saint-Pierre


Janick Noverraz
24 mai 2022

Cet article a été écrit le : 07 décembre 2022

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